Exposition collective rassemblant les artistes Ludovic Boney, Mélissa Fillion, Olivier Moisan Dufour, Laurent Pagano et Jacques Samson
Une des idées directrices qui a donné naissance à ce projet d’exposition a été de s’intéresser au caractère vital, fondamental et universel qu’est le fait d’habiter un espace.
Peut-on pour autant parler d’accès équitable au logement? Peut-on imaginer nos villes modernes sans pénurie de logements? Peut-on envisager un habitat responsable et écoresponsable autant socialement que pour son environnement? Comment peut-on assurer un toit sécuritaire et pérenne pour tous.toutes ou encore, bâtir une société qui accepte de cohabiter?
Le sujet est ambitieux et fait inévitablement référence à un vaste champ lexical et idéologique de l’habitat en tant que structure, volume, lieu, territoire, logement, squat. Un habitat aussi entendu en tant qu’abri ou non-abri, en tant qu’espace isolé ou partagé, que lieu de sédentarité, de migration ou de colonisation. Bref, un champ qui mène loin, mais qui dans tous les cas questionne les contours de l’espace intime et de l’espace public.
Habitat(s) rassemble cinq artistes majeurs du Québec – Ludovic Boney, Olivier Moisan Dufour, Mélissa Fillion, Laurent Pagano et Jacques Samson – autour d’un sujet qui imprègne de manière transversale le fondement de chacune de leur pratique. Les œuvres sculpturales et installatives présentées sont pour certaines explicites; tels les microcosmes de L. Pagano qui se déploient non sans évoquer les favelas ou les bidonvilles des grandes agglomérations urbaines. Ou encore, l’installation de l’artiste céramiste M. Fillion qui incarne la transhumance autant de l’habitat que du corps, faisant référence à un contexte mondial de grandes migrations.
D’autres œuvres plus abstraites et tout aussi éloquentes, évoquent la tension entre d’un côté, le refuge, et de l’autre, l’espace de vulnérabilité. Pour le premier, ce sont les qualités de repos, de tranquillité et de sécurité qui dominent, pour le second, l’évocation d’un espace fragile dont il faut sortir. Pour L. Boney, l’utilisation du béton fait directement référence à la rue et ses déserts modernes, à l’insécurité, la résilience et à l’abris in-extremis. Construction hermétique et énigmatique, l’oeuvre d’O. Moisan Dufour évoque le cocon, entre douce protection et prison inextricable. Enfin, dans l’œuvre de J. Samson, la structure habitable est modulable, souple et à dimensions variables faisant un clin d’œil aux tiers-lieux où la communauté se rencontre, se réunit et échange pour se réapproprier et réinventer des espaces.
Ainsi Habitat(s) propose un parcours où le lieu est le reflet autant d’une société que de l’humain qui l’occupe. Un lieu qu’on habite, qui nous habite et qui participe à la construction du Soi individuel et collectif. Un lieu enfin où, comme le décrit si bien l’architecte et professeur Pierre Thibault « se dégage une dimension spirituelle qui n’est plus seulement physique, mais poétique 1».
1 Paré, A-L (2024). Habiter, rencontrer, partager : un entretien avec Pierre Thibault. Revue Espace, numéro 136, Bâtir/Building, p.74-83.
Visites guidées
Découvrez autrement l’exposition HABITAT(s) en profitant des visites guidées conviviales les samedis 25 janvier, 1er février et 15 février de 14h à 15h30. Sans inscription, gratuites et ouvertes à tous les publics, ces visites seront animées en continu par la médiatrice culturelle Rose Guyon.